Chers candidats,
Chers membres de l'Association suisse des étudiants,

Récemment, j'ai vu un court extrait d'une vidéo dans laquelle un présentateur français interviewe l'écrivain russe Soljenitsyne. La vidéo date de 1998 et le présentateur lui demande comment il envisage le XXIe siècle. L'écrivain prend alors un air grave et explique ce qui lui fait peur :

il s'inquiète essentiellement des tragédies à venir, mais pas dans le sens où nous l'entendons. Il voit la plus grande tragédie dans un processus qui avait déjà commencé à son époque et qu'il résume comme suit. Il craint que le type culturel d'être humain tel que nous le connaissons depuis des siècles ne soit en train de dégénérer en un être technogène. Un changement psychologique, qui pourrait devenir biologique, s'opère donc chez l'être humain.

L'être humain tel que nous le connaissons a toujours été le sujet de l'histoire ; aujourd'hui, il se transforme en un fragment du progrès technique. Pendant des siècles, le progrès technique a toujours eu tendance à dominer la nature, à la perturber. Aujourd'hui, cependant, ce progrès technique commence à perturber la culture et l'être humain. Cet élément technique prive l'être humain de sa personnalité, de son âme. Un changement psychologique s'opère ici. Sous nos yeux, nous perdons notre concentration, notre capacité de réflexion et aussi une forme de pragmatisme. À la place, nous recevons un flux d'informations qui remplace la vie de notre âme.

Nous vivons à une époque où la communication est devenue plus rapide, plus facile et en même temps plus superficielle. Un « like » sur LinkedIn remplace une tape dans le dos, un smiley sur WhatsApp remplace un vrai sourire, et un swipe sur Tinder remplace une rencontre avec un contact visuel. Nous sommes constamment connectés, mais souvent seuls. Les échanges personnels, les vraies conversations, l'écoute et la compréhension : tout cela risque de disparaître.

Dans ce monde numérique, nous désapprenons non seulement les règles de la communication, mais aussi la courtoisie, la compassion et l'empathie. Les likes et les followers déterminent la valeur d'une personne, et non plus son attitude, sa chaleur ou ses paroles. La société devient plus froide, plus distante, et la cordialité semble s'estomper.

Mais il existe des lieux qui résistent à cette évolution. Des lieux où l'on parle, où l'on rit et où l'on vit – de véritables rencontres plutôt qu'une distance numérique. Nos événements de section sont l'un de ces lieux. Ici, on ne se contente pas de communiquer – on communique vraiment : de manière personnelle, directe, respectueuse et avec cœur. Des règles claires, des hiérarchies établies et des valeurs communes s'appliquent, offrant un soutien dans un monde de plus en plus désorienté. Il s'agit simplement de promouvoir le lieu de rencontre. En fait, l'interdiction des téléphones portables au sein de la section, ce petit élément qui était encore insignifiant il y a trente ans, est peut-être devenu notre force.

Notre association est un lieu où règne la diversité et où s'échangent véritablement les idées, tant sur le plan linguistique, car ici se rencontrent des personnes parlant toutes les langues nationales : allemand, français, italien et même romanche, que sur le plan intergénérationnel, car chez nous, jeunes et moins jeunes se côtoient, partagent leurs expériences, transmettent leurs connaissances et grandissent ensemble. Au sein de cette communauté vivante se crée une solidarité qui transcende les barrières linguistiques et générationnelles.

Ce qui rend notre association particulière, c'est la profondeur des relations qui s'y nouent. Des amitiés pour la vie, un réseau qui soutient – sur le plan professionnel, politique et personnel. Nous encourageons non seulement le dialogue, mais aussi le développement de la personnalité, le sens des responsabilités et la capacité à s'affirmer dans une société complexe.

La Société des Etudiants Suisses n'est pas une association ordinaire, c'est une alliance pour la vie. Un lieu où l'on vit des valeurs qui sont plus précieuses que jamais à l'heure actuelle.

Notre association est plus qu'un simple lieu de rencontre. C'est une école de vie, un endroit où l'on apprend et où l'on vit la convivialité, l'amitié véritable et le comportement responsable. Ici, on s'entraîne à écouter, à argumenter, à respecter les autres, autant de compétences qui sont essentielles non seulement dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère publique, par exemple en politique.

La Société des Etudiants Suisses offre un environnement protégé où l'on peut s'essayer à différentes choses. Ici, les erreurs ne sont pas des défauts, mais des moments d'apprentissage : elles sont pardonnées, réfléchies et ne conduisent pas à la stigmatisation, mais à l'épanouissement personnel. On apprend à s'exprimer avec assurance – dans des discussions, des discours, dans différentes langues nationales – et on développe ainsi, sans même s'en rendre compte, des compétences de leadership qui vont bien au-delà de la vie étudiante.

Dans cette communauté, on n'évalue pas, on accompagne. Elle offre une orientation, un soutien et une inspiration – et prépare ses membres aux défis de la vie. Ceux qui y assument des responsabilités sont prêts à les assumer également en dehors de la tribu.

C'est pourquoi nous vous souhaitons aujourd'hui la bienvenue, chers candidats. Vous n'adhérez pas seulement à une association, vous adhérez à une alliance pour la vie. Une alliance qui vous accompagne, vous renforce et vous façonne. Nous sommes heureux de faire votre connaissance, de discuter avec vous, de faire la fête avec vous et de vivre ensemble les valeurs qui rendent notre société plus chaleureuse.

Vivat, crescat, floreat !