Titelbild zum Artikel Genrons tout ? Ou justement pas ?

Depuis 1968, l'ASP accueille également des femmes, mais de nombreux biffes de couleur sont restés masculins. (Photo : Fête centrale d'Appenzell 2002)

21.10.2024

Genrons tout ? Ou justement pas ?

Bernhard Altermatt v/o Nemesis

 

Le 2 septembre 2024 a eu lieu, à Fribourg, un débat organisé par la SES sur le langage et le genre, sur l’usage du langage épicène dans le domaine officiel et sur la fonction de la langue comme instrument d’intégration ou d’exclusion. Ont participé à ce podium dirigé par l’historien et député fribourgeois Bernhard Altermatt : Susanne Brunner, députée zurichoise et auteure d’une « Brandrede » remarquée sur le sujet à la Fête centrale de Wil en 2023 ; François Miche, conseiller général et conseiller d’agglomération fribourgeois ; ainsi que Dominik Feusi, journaliste et rédacteur en chef adjoint du « Nebelspalter » à Berne.

Le Président central Nicolas Vaudano, encore en fonction lors du podium, a salué l’organisation du débat – notamment au vu des controverses que la « Brandrede » de Susanne Brunner avait générées au sein de certaines sections de la SES. Il a regretté qu’aucune discussion de fond n’ait pu avoir lieu en l’espace d’une année entre les détracteurs et les défenseurs de l’oratrice de Wil. D’autant plus important, estimait-il, que le podium donne l’occasion de relancer le débat sur un sujet de discorde qui témoigne, hélas, aussi de l’unité perdue de la SES.

La discussion permit de mettre en avant plusieurs couches argumentaires en faveur et contre davantage d’inclusivité dans l’usage de la langue par les autorités publiques. La première fut le proverbial « bon usage », très présent dans l’espace francophone. Ce langage usuel contribue à la bonne compréhension et comporte une dimension conservatrice indéniable. Cette perspective fonctionnaliste de la langue est, de plus en plus, remise en question par des revendications d’ordre sociologique et philosophique qui militent pour davantage d’inclusivité linguistique. Ces demandes se heurtent parfois au principe de démocratie qui, par moments, peut prendre le dessus.

Ainsi, la population de la Ville de Zurich vient de se prononcer sur une initiative populaire voulant interdire aux autorités l’usage systématique du « Gender-Stern ». L’initiative – obtenant 42.7% aux urnes – fut elle-même la conséquence d’une décision de la ville d’imposer certains choix novateurs dans l’usage de la langue dans le domaine officiel. Cela fit naître des résistances et des peurs d’une « police du langage », à l’image de la vision du livre « Nineteen Eighty-Four » (1984) de George Orwell, comme l’a relevé Samuel Niederberger, proviseur au Collège Gambach lors du débat.

Les conflits y relatifs sont en lien direct avec d’autres clivages au sein de la société contemporaine : des fossés entre générations (les babyboomers absent du débat par peur de leur propre conservatisme ? la génération X scindée en deux camps ? les millenials et la génération Z soit désengagés, soit hyper-militants ?), entre classes de revenus et niveaux de formation (qui peut se payer le luxe de se mobiliser pour ces questions symboliques ?), entre villes et campagnes (quel est le rôle des super-majorités dominantes de la gauche rouge-verte dans les grandes villes et celles de taille moyenne ? et comment renverser la tendance du fossé villes-campagnes qui se creuse toujours plus vite ?).

Au final, et peu importe l’opinion qu’on puisse faire sienne, il se pose aussi la question où se trouve la SES dans tout ça ? Jusqu’à la réforme structurelle de 2012/13, la SES disposait de son propre vecteur pour favoriser des débats de société en son sein et au sein de ses sections : la « Discussion centrale ». Depuis la suppression de cette dernière, l’absence d’un instrument de travail pour approfondir des thèmes et problématiques se fait cruellement sentir. Si nous voulons retrouver un brin d’influence intellectuelle et de signification sociale, un forum de débat politique comme la Discussion centrale est indispensable.

Une perspective issue de la recherche empirique

Le professeur Pascal Gygax enseigne la psycholinguistique à Fribourg depuis 2003 et s’est forgé une solide réputation de chercheur scientifique en matière de langage et de genre. Depuis une perspective externe, son équipe de recherche réussit passablement bien de s’extirper des débats controversés et parfois houleux sur le sujet qui dominent le discours social et politique. Ce dernier est alimenté essentiellement par des théories et contenus de la philosophie et de la sociologie, tandis que les travaux de Gygax et de ses collaboratrices et collaborateurs se fondent sur des données empiriques récoltées à l’intersection de la psychologie et de la linguistique appliquées.

Un exemple : Les chercheuses et chercheurs de l’Université de Fribourg ont répondu à la question de savoir quelles images et réponses sont générées par l’usage (ou le non-usage) du masculin générique. Ils ont voulu savoir s’il y a une influence sur les retours selon qu’on demande « Indiquez-moi trois musiciens rock auxquels vous pensez spontanément » ou « …trois musiciennes » ou « …trois musiciens et musiciennes » ou « …trois personnes qui font de la musique rock » etc.

Pour ses apports à la recherche, Pascal Gygax vient de recevoir le prix prestigieux Marcel Benoist 2024 que la communauté scientifique considère comme le « petit prix Nobel suisse ». Le livre suivant donne un aperçu intéressant de son domaine de spécialisation, des questions dont il traite avec son équipe et des résultats obtenus : Pascal Gygax, Ute Gabriel, Sandrine Zufferey, Le cerveau pense-t-il au masculin ? Cerveau, langage et représentations sexistes, éd. Le Robert 2021.

Texte : Bernhard Altermatt v/o Nemesis.

 

Ad personam

Bernhard Altermatt v/o Nemesis ist Historiker und Politikwissenschaftler. Im Grossen Rat des Kantons Freiburg vertritt er Die Mitte u. a. als Vizepräsident der Kommission für Aussenbeziehungen. Er ist Mitglied der GV Zähringia, der AV Berchtoldia und der SA Sarinia.

Susanne Brunner v/o Seramis ist ­Absolventin der Universität St. Gallen (HSG) und Unternehmerin in Zürich. Sie ist Kantonsrätin, Co-Präsidentin der SVP Stadt Zürich und Mitglied der AV Notkeriana.

François Miche v/o Tournesol est diplômé de l’UniFR. Il est entrepreneur et réalise des expertises dans le domaine de la migration. Il représente le PS dans le Conseil général et le Conseil d’agglomération de Fribourg. C’est lors de l’une de ses deux présidences que la SA Sancta Johanna a adhéré à la SES.

Dominik Feusi v/o Caritas hat ­Geschichte, Politikwissenschaften und Theologie studiert. Er arbeitet als stv. Chefredaktor und Mitglied der Geschäftsleitung des «Nebelspalters» und ist beitragender Autor bei Economist Intelligence EIU. Er ist Mitglied der GV Wikinger, der AV Berchtoldia und der Helvetia Oenipontana in Innsbruck.

Nicolas Vaudano v/o Aslan est ­théologien et assistant diplômé au Département des sciences de la foi et des religions, philosophie de l’Université de Fribourg. Président central de la SES en 2023/24, il est membre de la SA Sarinia.

Zentralpräsidentin Marina Glaninger v/o Ambivalla am Neujahrskommers der AV Semper Fidelis. (Foto: Florian Schürch v/o Schiller)

«Sich immer wieder erneuern und die Mitglieder zu Grossem ermutigen»

Die Neujahrskommers-Rede der Zentralpräsidentin Marina Glaninger v/o Ambivalla

04.01.2025

lire plus